- Directeur(s)-rice(s) de thèse :Ahmed LANASRI
- Rapporteurs :Romuald Fonkoua, Claudia Gronemann
- Examinateurs (rices) :Catherine Mazauric, Emilie Picherot, Mourad Yelles
SOUTENANCE : 28.11.2018, 14h, Maison de la Recherche, salle FO.44
Boualem Sansal entre tardivement en littérature, ce qui lui confère un certain recul sur les difficultés auxquelles se trouvent confrontés le roman algérien francophone de la décennie noire. Aux yeux de l’auteur, la première de ces difficultés serait l’aphasie, corrélative d’un référent aussi opaque que douloureux. Cette aphasie serait aussi la conséquence du relativisme prudent des romanciers démocrates-laïques qui se traduirait, sur un plan littéraire, par des romans muselés par le doute et l’autocensure. Et, quand bien même ces romanciers parviendraient à dépasser l’indicible, un autre écueil les guetterait : leur statut linguistique particulier les exposerait à n’être véritablement reçus ni en Algérie, ni en Occident. L’ensemble de ces phénomènes formerait alors une zone inaccessible. Mû par la volonté de défendre ses convictions de démocrate laïc, l’auteur met tout en œuvre pour entrer dans cette zone. Mais même si, la notoriété venant, il s’ouvre à l’essai ainsi qu’à une abondante parole médiatique pour diffuser l’engagement qui conditionne sa démarche, c’est sur le terrain du roman que s’exerce principalement sa recherche. Le chemin qu’emprunte le roman sansalien passe par une revalorisation complémentaire du discours engagé et de la fiction, entendue comme droit à inventer et à renouer avec tous les plaisirs du romanesque. Décidé à trouver un équilibre entre un roman à thèse autoritariste et un roman sans thèse relativiste, Boualem Sansal théorise également, et ce dès son premier roman, le rôle du lecteur. C’est lui qui, seul, permettrait de sortir véritablement de l’impasse. L’auteur transforme alors son œuvre en une propédeutique qui forme à des pratiques de réception responsables et autonomes, pratiques que le lecteur est invité à réinvestir dans sa vie citoyenne.